À 18 ans, lorsque le TPB s'est révélé en moi, j'ai bien senti que quelque chose clochait, ce fut le début de la descente aux enfers…
Sensation quasi constante de vide, crises de colère, peur extrême de l'abandon et du rejet, impulsivité, syndrome de dépersonnalisation et/ou de déréalisation, crises d'angoisse intenses, automutilation, as-tu déjà ressenti tout cela ?
Tous ces symptômes, ce sont des symptômes possibles lorsqu'on est diagnostiqué comme ayant un trouble de la personnalité borderline. Si tu ne vois pas ce que c'est, je t'invite à jeter un coup à œil à ma page Borderline c'est quoi ?.
De plus, je te conseille vivement de consulter un.e professionnel.le de la santé afin d'effectuer un diagnostic si tu te sens concerné.e par le trouble car ce dernier n'est pas à prendre à la légère ⚠️
Une fin d'adolescence mouvementée
Dans un autre article de blog intitulé Une enfance envahie par la phobie de l'après-mort que je t'invite à consulter, j'explique comment la peur de ce qu'il se passe après la mort m'a fortement perturbée lorsque j'étais plus jeune ; et ce encore aujourd'hui.
Néanmoins, j'y raconte également que je n'ai pas subi de traumatisme réel pendant cette période tel que de l'inceste, un abandon ou une emprise quelconque. J'ai en revanche ressenti une carence affective de la part de mes parents, ces derniers ne sachant pas eux-mêmes gérer leurs propres émotions selon moi.
Une accumulation de traumas peut être une des causes de la manifestation du trouble de la personnalité borderline.
À la fin de mon adolescence, plus rien n'allait à la maison, surtout avec ma mère. Le contact était très difficile entre nous. J'avais donc hâte de partir du domaine familial. Il était prévu que je quitte à 18 ans mes parents, alors que nous étions domiciliés à l'époque au Brésil, pour faire mes études en Belgique.
Ainsi, après mon bac validé à 18 ans en décembre 2012 puisque le système est décalé au Brésil, j'étais prête à me trouver mon appartement sur Bruxelles, seule. Et ça me convenait très bien !
L'idée était d'attendre quelques mois en me trouvant un petit boulot sympathique et par la suite me lancer pour suivre des cours à l'université afin de devenir une future pharmacienne !
Le hic dans tout ça.. c'est que j'avais un copain. Lui allait continuer de vivre au Brésil. Et moi j'allais partir en Belgique.
Mais l'amour était si fort qu'on s'est lancé dans une relation à distance lorsque je suis partie.
Ça se passait.. comme ça peut quand on est loin de l'être qu'on aime, avec 7h de décalage horaire dans les dents.
On se manquait beaucoup, et on tenait bon comme on pouvait. J'avais trouvé quelques contrats de travail par ci par là : vendeuse chez Massimo Dutti pendant les soldes, barman dans un bar Grand Place,... Bref, rien de très vibrant !
Je me sentais très seule. Ma famille, mes amis, mon copain étaient loin de moi : c'était dur.
Un jour, j'ai supplié mes parents de revenir au Brésil quelques temps, ce qu'ils ont refusé. Je peux le comprendre, j'étais tellement une plaie avec eux, ça aurait été un enfer pour eux comme pour moi.
Finalement, après de multiples conversations à ce sujet, le verdict est tombé : mon copain allait venir faire ses études en Belgique ! Le diplôme est mieux reconnu en Europe par rapport au Brésil ce qui était donc également un avantage pour lui, mais je me dois de le reconnaître : ce choix-là, il l'a vraiment fait par amour pour moi.
Mon copain débarque pour me retrouver, je vais faire les études dont je suis folle, c'est la vie parfaite qui m'attend. Et surtout, plus jamais, je ne serai seule !
me disais-je, dans l'euphorie du moment.
Le chamboulement
Il sortit de l'aéroport et me retrouva chez moi, à Bruxelles. Il était prévu qu'il reste dans mon appartement quelques mois le temps de se trouver son propre chez lui.
3 jours, cela a pris 3 jours pour que tout tombe par terre. 3 jours d'euphorie totale, une émotion qui s'est vite transformée en un vieux cauchemar moisi.
Subitement, ce n'était plus un plaisir qu'il soit là. En un coup, la lune de miel était finie. Cette dernière fut remplacée par une phrase qui tournait en boucle dans ma tête :
Comment vais-je faire si un jour j'ai envie de rompre avec lui alors qu'il a fait ce GIGANTESQUE effort pour moi ?
Un sentiment perpétuel d'angoisse & de culpabilité
La potentielle future culpabilité à l'idée de rompre un jour m'empêchait de respirer, j'étais morte d'inquiétude.
Très vite, l'angoisse prit le dessus. Ce sentiment se transmet dans notre corps entier et nous paralyse le cerveau.
Cette angoisse se transforma très rapidement en ce que j'appelle être une "montée d'angoisse".
Lorsque la montée d'angoisse se génère dans mon corps, deux choix s'offrent à moi : soit je la gère en m'apaisant grâce à mes outils comme la cohérence cardiaque, soit je n'y arrive pas et l'angoisse ne fait que s'empirer.
Malheureusement, à l'époque, ne sachant pas gérer cette émotion et n'ayant jamais appris à le faire dans le passé, cette sensation n'a fait que continuer de grandir dans mon corps pour exploser en crise d'angoisse.
Je ne savais plus respirer, j'avais des bouffées de chaleur, une envie très forte et pressante d'aller aux toilettes mais le pire fut de loin la chose suivante : j'ai eu l'impression que j'allais mourir de façon imminente, sans trop savoir pourquoi, ni comment. C'était complètement irrationnel. Mais ça allait arriver.
Cette sensation de crise d'angoisse, je l'ai ressenti un bon nombre de fois, et il n'y a absolument rien que j'ai connu d'aussi dévastateur et traumatisant.
Finalement, après quelques minutes, paraissant telle une éternité, l'angoisse se dissipa toute seule pour laisser place à un corps, mon corps dénué de toute énergie.
À partir de ce jour, les crises d'angoisse devinrent un symptôme récurrent dans ma vie.
Ce fut si terrible et si difficile à gérer que je me rappelle avoir dit à mon copain de l'époque :
Chou, nous allons devoir trouver une solution. Je ne sais pas ce que j'ai mais si cette sensation persiste, je vais être obligée de me suicider. C'est insupportable.
Une augmentation & intensité de symptômes
Les jours passèrent, car oui, tout cela se joua en à peine 1 semaine après son arrivée du Brésil. Et les angoisses ne faisaient qu'empirer. Je me sentais incroyablement enfermée de par sa présence et je manquais cruellement d'air. Je communiquais et restais néanmoins authentique avec lui, mais rien n'y faisait, nous ne trouvions pas de solution.
D'autres symptômes sont apparus :
le syndrome de dépersonnalisation : à l'époque, je n'avais aucune idée du nom, je ne reconnaissais plus mes mains ni même mon corps tout entier lorsque je le regardais. J'étais consciente d'être moi-même mais je ne me sentais plus vraiment vivre. Je m'écoutais parler comme si j'étais une autre personne ;
la sensation de vide ;
des crises de colère insoutenables pour l'autre : je n'avais plus aucune maîtrise de mes émotions et étais extrêmement irritable et impulsive ;
une peur de l'abandon extrême ; ce qui est très paradoxal avec le ressenti d'enfermement dans le couple : pouvant aller jusqu'à manipuler malgré moi afin vérifier que l'autre m'aime toujours et ne va pas me quitter malgré tous mes symptômes déplorables ;
la victimisation : similaire à ce que j'ai inscrit plus haut ;
le perpétuel et horrible changement d'opinion du caractère de mon partenaire : l'alternance entre l'idéalisation et la dévalorisation de l'autre ; et ce plusieurs fois par jour ce qui me faisait douter de si je faisais le bon choix en étant avec lui. Par exemple, à une certaine heure, en fonction de son action, je le décrivais dans ma tête comme l'homme parfait. Puis, car il avait oublié de réserver le restaurant au soir, je le dénigrais au point de remettre en question notre couple. J'essayais de ne pas trop le montrer car j'étais consciente que c'était fou de penser comme ça, mais rien n'y faisait, c'était trop intense dans ma tête. Cela s'appelle la pensée dichotomique, j'en parle dans un de mes posts Instagram ;
les changements d'humeur, plusieurs fois par jour ;
plus aucune gestion du temps ni de la mémoire : même si nous avions passé un moment merveilleux la veille, si on s'engueulait à l'instant T, le jour d'avant me paraissait à des années lumière, voire même je ne me souvenais de plus rien ; prise par cette tempête d'émotions.
La tromperie comme moyen d'échappatoire absolu
Après quelques jours, et j'en suis peu fière : je me suis rapprochée d'un autre homme.
Ce n'est pas le but de nous autres atteints du trouble de la personnalité borderline de faire du mal à autrui, contrairement aux pervers narcissiques. En revanche, lorsque l'émotion est tellement forte, elle nous prend aux trippes et nous empêche d'avoir toute clarté mentale. Il n'est plus possible de réfléchir sereinement et nous cherchons simplement une solution pour arrêter ces symptômes si ignobles, une solution qui soit autre que le suicide.
Pour ma part, j'ai donc prévenu mon copain que je me rapprochais d'un collègue de travail au Carrefour et, quelques jours plus tard, je l'ai embrassé. Suite à cela, je me suis empressée de le dire à mon homme qui s'est senti évidemment très blessé, rejeté, insuffisant et ne comprenais pas comment je pouvais agir de la sorte.
Évidemment, déjà à l'époque, je comprenais tout à fait son ressenti ! Néanmoins, tu penseras peut-être que je ment mais :
C'était plus fort que moi, malgré tout l'amour que je lui portais. C'était une question de survie. Pas d'embrasser quelqu'un d'autre mais bien de sortir de ces émotions insupportables et inacceptables.
Au moment où je lui ai dit, nous étions en pleine rue. Il m'avait cherchée partout car je ne lui avais pas donné de nouvelles et il est juste tombé au sens littéral du terme, tout en pleurant à chaudes larmes. Cet évènement m'a moi aussi traumatisé puisque depuis je n'arrive pas à accepter que quelqu'un puisse dépendre de moi, me voir comme "son projet" et me donner de l'amour inconditionnel.
Un style d'attachement insécure désorganisé
J'ai un style d'attachement depuis lors désorganisé (et très propre au trouble de la personnalité borderline) et il me tarde d'en parler plus en détails ! En attendant Psychologue.net en a fait un excellent article :
👉 par ici si ça t'intéresse !
La fin de la tragédie
Après la tromperie, j'aurais espéré que cela s'arrête là… Malheureusement, cela s'est encore empiré. Il a réagi d'une manière beaucoup trop gentille à mon goût alors que de mon côté, je me voyais comme un démon qui ne méritait plus de vivre. Ses amis de l'époque s'étaient d'ailleurs tous empressés de m'envoyer des messages sur Facebook pour me confirmer la ******** que j'étais selon eux.
Les émotions étaient si intenses dans ma tête et le suicide n'était pas une option, ayant beaucoup trop peur de l'après-mort. Une seule solution était possible dans mon esprit sans plus aucune clarté mentale : l'automutilation.
⚠️ Attention aux âmes sensibles, ce dont je parle est un sujet grave et délicat que je ne conseille à personne en aucun cas de faire !
Je me suis scarifiée une bonne partie du bras droit à coup de peigne en grattant ma peau pendant de longues minutes. La douleur physique étant gérable, cela me permettait :
d'oublier ma douleur mentale & de me concentrer sur ma douleur physique ;
de recevoir la punition que je méritais, selon moi ;
de me victimiser inconsciemment et donc de recevoir de l'attention.
Moins d'un mois se sera écoulé finalement avant que nous ne rompions pour de bon. Les symptômes se sont directement apaisés et je pensais être sortie d'affaire.
Malheureusement, ne sachant pas vivre seule à l'époque, j'avais besoin d'un homme dans ma vie et j'étais en quête perpétuelle de plaire, sans chercher trop à savoir si l'autre me plaisait réellement.
Le même cycle se répétait à chaque fois : je me sens vide et abandonnée de tous quand je suis seule ; je ne pense pas avoir de valeur quand je suis célibataire. Alors je tracke quelqu'un afin de fusionner avec. Lorsque c'est chose faite, je me sens enfermée et les mêmes symptômes apparaissent. Alors je trouve n'importe quoi pour sortir de la relation même si j'aime l'autre personne.
Il est important pour moi d'expliquer que 10 ans plus tard, en 2023, à l'âge de 28 ans, je me sens déjà comme plus stable.
👉 Je ne m'automutile plus ;
👉 Je sais mieux gérer mes excès de colère ;
👉 Je n'ai plus de comportements à risque (excès d'alcool ou de cigarettes, conduite automobile dangereuse,...).
Ces symptômes sont selon moi les plus intenses mais aussi (et ce n'est que mon avis) les premiers à savoir gérer puisque ce sont tous des ACTIONS.
J'ai parfois encore très fort envie de m'automutiler ou de m'énerver comme une sauvage mais je me retiens de le faire. Cela demande énormément de force, de courage et un traitement thérapeutique derrière mais j'y arrive. Le fait de pratiquer du sport et de la méditation de façon quotidienne aide de façon remarquable ! Cela permet de canaliser ma nervosité, mon excitation et mon irritation. On dit d'ailleurs de moi où que j'aille que je suis une pile électrique : j'ai juste BESOIN de dépenser toutes ces émotions qui s'entrechoquent en moi.
En revanche, les symptômes suivants réapparaissent dès que je suis en couple et je n'ai pas encore trouvé de méthode pour les apaiser :
👉 Idéalisation et dévalorisation perpétuelles de l'autre ;
👉 Alternance entre peur de l'abandon & étouffement ;
👉 Sensation de vide ;
👉 Changements d'humeur ;
👉 Doutes de savoir si c'est LE bon ;
👉 Dépersonnalisation ;
👉 Paranoïa.
Récemment diagnostiquée il y a à peine 2 mois, je garde bon espoir en la thérapie et tout le développement personnel & l'introspection que je pratique pour apprendre à gérer ces symptômes également. J'aspire à une régulation émotionnelle et une stabilité en couple un jour ❤️
Et d'ici là, j'arrive désormais beaucoup mieux à gérer la solitude. Je pars faire le tour du Mont Blanc seule fin juin 2023. Ce super challenge me permettra de m'autosuffire & de sortir de ma zone de confort !
Ma valeur ne dépend pas du fait que je sois en couple ou non.
Si tu veux en savoir, je t'invite également à m'écouter dans le podcast C'est pas si pire!
👉 C'est par ici !
J'espère que cet article t'aura plu et qui sait, peut-être inspiré.e ! N'hésite pas à me contacter 😊
Et surtout, prends soin de toi et communiquer avec tes proches ou un.e professionnel.le de la santé en cas de besoin 🌈
Plein de bonnes vibes,
Fio ✨
Vous avez bien décrit ce qui vous est arrivé