Créer un podcast est un rêve pour moi depuis un peu plus d'un an. Avec Tu serais pas un peu Border ?, ce rêve devient enfin réalité. Mais ce projet, c’est avant tout un espace où je peux raconter mon histoire avec authenticité, dans l’espoir de briser les tabous autour des troubles psychiques et d’offrir du soutien à celles et ceux qui pourraient se sentir seuls face à leur réalité.
Cet article est une plongée intime dans mon parcours : de mon enfance marquée par des peurs inexplicables, aux défis du diagnostic et du rétablissement. Parce que oui, parler, c’est déjà commencer à déconstruire les stigmatisations.
Une enfance marquée par la peur et l’incompréhension
Une peur immense : l’après-mort
Dès mon plus jeune âge, une angoisse irrationnelle m’envahissait. Je me souviens parfaitement de cette pensée obsédante qui me terrifiait :
"Et si, après la mort, je restais consciente ? Prisonnière d’un endroit figé, seule dans le noir pour l’éternité."
Cette peur, difficile à exprimer pour une enfant, s’est transformée en crises d’angoisse et en TOC. J’avais des pensées intrusives, des impulsions incontrôlables et un besoin viscéral de compulser pour apaiser mon esprit.
L’incompréhension et l’isolement
J’en ai parlé à ma mère, à des ami.e.s proches, mais je me sentais malgré tout seule et incomprise. À chaque tentative de partager ce que je ressentais, les mots se coinçaient dans ma gorge :
"Je voulais crier ma colère, exprimer ma tristesse, mais seules les larmes venaient."
À force de me heurter à ce silence, j’ai fait le choix d’intérioriser mes émotions. Mais ce choix, je le comprends aujourd’hui, m’a coupée de moi-même et des autres.
L’explosion des symptômes à 18 ans
Un changement brutal
À 18 ans, j’ai quitté le Brésil pour m’installer en Belgique, pleine de projets : des études de pharmacie, une nouvelle vie, et un avenir avec mon copain qui devait me rejoindre. C’était censé être un rêve… mais tout a basculé. Quelques jours après son arrivée, les symptômes du trouble borderline se sont manifestés violemment.
"En l’espace de trois jours, j’ai eu l’impression que tout s’effondrait autour de moi."
Des symptômes dévastateurs
Je vivais un tourbillon émotionnel incontrôlable :
Des crises d’angoisse intenses, où je ressentais une sensation de mort imminente.
Une colère explosive, suivie de culpabilité.
Une alternance d’idéalisation puis de dévalorisation de mon partenaire.
Une dissociation profonde : je ne reconnaissais plus mon visage, mes mains ou mon environnement.
Cette période m’a profondément marquée. J’étais perdue, incapable de comprendre ce qui m’arrivait. L’automutilation est alors devenue un moyen d’échapper à la douleur mentale :
"Je me faisais mal pour détourner mon attention de ma souffrance émotionnelle. C’était une manière de m’anesthésier, même temporairement."
Le diagnostic : une libération et un choc
Après des années d’errance, c’est à 28 ans qu’une neuropsychologue a enfin mis des mots sur mes maux : trouble de la personnalité borderline. Ce diagnostic a été une étape cruciale.
Une libération, car il donnait un sens à des années de souffrance.
Un choc, car ce trouble est encore aujourd’hui entouré de stigmatisation et d’incompréhension.
"Je me suis sentie à la fois soulagée d’avoir enfin une réponse et écrasée par cette étiquette."
Le chemin du rétablissement : un pas après l’autre
Le rétablissement est loin d’être linéaire, mais il est possible. Voici ce qui m’a permis de reprendre peu à peu le contrôle de ma vie :
1. Les thérapies psychocorporelles
Des approches comme l’EMDR et la Somatic Experiencing m’ont aidée à traiter des traumas enfouis. Elles m’ont permis de me reconnecter à mon corps, de libérer des émotions stockées depuis des années et d’apaiser mes symptômes de dissociation.
2. L’importance de l’hygiène de vie
Je me suis tournée vers des pratiques simples, mais efficaces pour stabiliser mes émotions :
Cohérence cardiaque pour réguler mon système nerveux.
Sport et alimentation équilibrée pour retrouver un équilibre.
Sommeil réparateur, une vraie clé dans la régulation émotionnelle.
3. Le soutien collectif
Le lien avec les autres a été essentiel dans mon parcours. Rejoindre La Maison Perchée, une association dédiée aux troubles psychiques, et créer BorderAttitude m’ont permis de transformer mon vécu en un outil pour aider les autres.
4. Identifier mes besoins et poser des limites
J’ai appris à écouter mes besoins, à les nommer et à les exprimer grâce à la communication non-violente. Aujourd’hui, je sais que prendre soin de moi est la priorité pour avancer.
Pourquoi ce podcast ?
Avec Tu serais pas un peu Border ?, mon but est simple :
Briser les tabous qui entourent les troubles psychiques.
Offrir un espace d’écoute et de partage.
Transmettre des outils concrets pour avancer pas à pas.
"Parce que personne ne devrait avoir à affronter cela seul·e."
Je veux que ce podcast soit une bouffée d’air pour celles et ceux qui se reconnaîtront dans mon histoire, mais aussi une ressource pour mieux comprendre la réalité des troubles.
En conclusion : chaque petit pas compte
Aujourd’hui, je suis loin d’être parfaite, mais je me sens plus stable et plus alignée avec moi-même. Le rétablissement est un processus continu, parsemé de hauts et de bas, mais chaque petit pas compte.
Si mon histoire t’a parlé, n’hésite pas à :
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"Prends soin de toi, un pas après l’autre." 💛
Ressources mentionnées dans cet épisode
On m’appelle la tornade – Adrien Devivère, un témoignage sur une personne concernée parle TDAH.
La Maison Perchée, une association qui accompagne les personnes concernées par des troubles psychiques.
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