Explorer le quotidien avec le trouble borderline, c'est comprendre comment soutenir et naviguer les relations avec compassion et clarté.
Sommaire
Vivre avec le trouble borderline
Bienvenue dans ce second volet dédié au trouble de la personnalité borderline (TPB). Après avoir exploré les bases du TPB dans le précédent article, nous allons maintenant aborder des aspects plus concrets et pratiques de ce trouble complexe.
Que tu sois concerné·e par le TPB ou que tu aies un·e proche qui l’est, savoir comment réagir et apporter ton soutien dans les moments critiques est essentiel pour créer un environnement de compréhension et de stabilité.
Dans cet article, nous plongerons au cœur des défis relationnels spécifiques au TPB, en explorant des questions comme la gestion des crises de colère, la dynamique des relations avec une "favorite person", et comment agir face à un silence ou une coupure de contact.
Mon objectif est de t'offrir des pistes et des réflexions pour naviguer ces situations avec plus de sérénité et de compassion, tout en respectant tes propres limites.
Comment puis-je aider un·e proche pendant un épisode de TPB ?
La première chose à faire est d’être présent·e et de montrer de l’empathie. Écoute sans juger, sans minimiser ce que l’autre ressent. Les personnes concernées par le trouble de la personnalité borderline ont besoin de sentir qu’elles ne sont pas seules dans ces moments de détresse. Tu peux aussi essayer de les aider à recentrer leur attention sur des choses concrètes, à prendre du recul. Parfois, un simple rappel de leur valeur, ou une affirmation comme "je suis là pour toi", peut faire une grande différence. Mais attention, il ne s’agit pas de tout prendre sur tes épaules : il est important de garder une certaine distance pour ne pas t’épuiser. Soutenir quelqu’un avec TPB demande aussi de connaître ses propres limites.
Les personnes concernées par le trouble de la personnalité borderline ont besoin de sentir qu’elles ne sont pas seules dans ces moments de détresse.
Personnellement, dans ces moments, ce qui m’aide le plus, c’est d’avoir quelqu’un à qui parler, quelqu’un qui soit là pour m’écouter sans jugement, avec bienveillance. Si tu soutiens une personne concernée par le TPB, sache que parfois, elle a simplement besoin d’extérioriser ce qu’elle ressent. Encourage-la à exprimer ce qui la traverse. Parler à voix haute peut être libérateur, comme si les pensées sortaient d’elle pour de bon. Pleurer peut aussi faire partie du processus, c’est un moyen pour elle de libérer un trop-plein émotionnel.
En tant que soutien, ton rôle est également de lui rappeler par exemple qu’elle est forte et courageuse, et qu’elle fait un travail énorme sur elle-même. Parfois, un simple rappel que le chemin n'est pas linéaire et qu’elle progresse malgré tout peut faire une grande différence. Avec ton soutien, il est possible qu’elle se sente beaucoup mieux en vingt minutes seulement (c’est du vécu !) 😊
Qu'est-ce qu'un épisode de "splitting" et combien de temps dure-t-il ?
Le "splitting" est une expérience courante chez les personnes concernées par le trouble de la personnalité borderline, où elles alternent entre l’idéalisation et la dévalorisation d’une personne ou d’une situation. Cela signifie que quelqu’un que l’on adorait peut soudainement devenir la source de tous nos maux, sans raison apparente.
La durée de cet état peut varier : parfois, cela ne dure que quelques heures, d’autres fois, cela peut persister plusieurs jours, jusqu’à ce que la situation soit résolue ou qu’un nouveau regard sur les choses permette de rééquilibrer la perception.
Personnellement, c'est un symptôme qui me parle particulièrement et qui reste une véritable épreuve aujourd'hui. Pour donner un exemple, que ce soit avec mon copain lorsque j'étais en couple ou avec un·e proche, si la personne ne répond pas exactement à mes attentes ou agit différemment de ce que j'espérais, je vais la dévaloriser jusqu'à remettre la relation en question dans ma tête, sans faire exprès bien sûr. J'apprends à comprendre ce qu'il se passe : en fait, j'ai une peur profonde de la rupture, de ce moment où tout pourrait se terminer entre nous. Anticipant cette éventualité, je me dis que s'il doit y avoir une séparation, autant que ce soit maintenant et que ce soit moi qui la provoque. Ainsi, j'ai l'illusion de contrôler la situation, et la douleur potentielle semble plus supportable.
J'apprends peu à peu à accepter que le conflit ne signifie pas forcément rupture (du moins, pas toujours) et à prendre du recul par rapport à mes pensées en noir et blanc. Cela me permet de "défusionner" avec ces idées extrêmes et de voir les choses de manière plus nuancée.
Le conflit ne signifie pas forcément rupture.
Comment gérer les accès de colère chez une personne concernée par le TPB ?
La colère dans le trouble de la personnalité borderline est souvent explosive et peut sembler disproportionnée. Pour la gérer, il est essentiel de ne pas répondre par la colère ou la confrontation. Essaye plutôt de rester calme et de créer un espace sûr où la personne peut exprimer ce qu’elle ressent. Parfois, il est utile de poser des questions pour l’aider à verbaliser ce qui l’a mise en colère, ce qui peut désamorcer l’intensité du moment.
La Communication Non Violente (CNV) peut être particulièrement utile dans ces situations. En exprimant d'abord tes observations sans jugement, puis en partageant tes sentiments et besoins, tu aides à établir un dialogue plus apaisé. Par exemple, tu pourrais dire : "Quand je vois que tu es en colère, je me sens inquiet·ète parce que j'ai besoin de comprendre ce qui te cause du tort. Peux-tu m'en dire plus pour que je puisse t’aider au mieux ?" Cela permet à la personne de se sentir entendue sans se sentir attaquée.
Mais attention, il ne faut pas tout accepter sous prétexte que la personne souffre : il est important de poser des limites claires, tout en restant empathique. Gérer ces accès demande beaucoup de patience, mais cela peut vraiment aider à rétablir le calme et à renforcer la relation.
Quelles erreurs dois-je éviter avec une personne concernée par le TPB ?
Il y a quelques pièges à éviter lorsque l’on est en relation avec une personne concernée par le trouble de la personnalité borderline :
Ne pas minimiser ses émotions en lui disant de "se calmer" ou que "ce n’est pas si grave". Cela peut être perçu comme de l’invalidation, ce qui risque d’aggraver la situation.
Ne pas jouer le rôle du sauveur.se, en cherchant à tout prix à résoudre tous ses problèmes : cela peut créer une dépendance malsaine.
Éviter de réagir à chaud lorsqu’elle est en crise, car cela peut envenimer les choses. Au lieu de cela, essaie de rester centré·e, d’écouter, et de montrer que tu es là, mais sans t’oublier toi-même.
Qu'est-ce qu'une "favorite person" pour une personne avec TPB ?
Une "favorite person" (ou personne favorite) est quelqu’un qui devient le centre émotionnel de la vie d’une personne concernée par le trouble de la personnalité borderline. Cette personne est souvent idéalisée, perçue comme un pilier essentiel pour se sentir en sécurité. Le lien avec la personne favorite peut devenir intense, voire obsessionnel, car elle représente un point d’ancrage dans une vie émotionnellement chaotique. Cependant, cette relation peut aussi être source de grande souffrance, car la peur de perdre cette personne est omniprésente.
Pour ma part, avoir une personne favorite a été à la fois un réconfort immense et une source d’anxiété constante, car chaque distance ou malentendu avec elle pouvait déclencher une véritable crise.
Étant concernée par un style d'attachement désorganisé, où je balance entre une peur intense de l'abandon et une méfiance envers l'intimité, le même cycle infernal se répétait dans mes relations de couple : tout commence de manière très forte et fusionnelle, je veux toujours PLUS PLUS PLUS, vivant avec une peur d'abandon permanente jusqu'à avoir peur de mourir à chaque coin de rue. Mais finalement, après quelques mois, si l'autre me donne TOUT, je me sens oppressée, et je finis par rejeter l'autre (je ne supporte pas que l'autre dépende de moi). Ce cycle m’a poussé souvent à créer l'irréparable pour rompre, laissant derrière moi un mélange de tristesse et de regrets.
Pour en savoir plus sur les défis liés au couple et lire mon témoignage complet, je t'invite à consulter cet article de blog, où je partage plus en détail mon parcours et mes réflexions sur ces relations complexes.
Comment réagit une personne concernée par le TPB si elle perd sa "favorite person" ?
Perdre une personne favorite peut être vécu comme un effondrement émotionnel. Cela peut déclencher une crise intense, avec des sentiments de vide, de désespoir, et une douleur émotionnelle difficile à décrire. La réaction peut aller de la colère à la tristesse profonde, et dans certains cas, cela peut même entraîner des comportements autodestructeurs.
Dans ces moments-là, il est essentiel d’avoir du soutien, car la souffrance peut être démesurée.
Pour moi, c’est comme si une partie de moi-même disparaissait avec cette personne, laissant un trou béant que rien ne semble pouvoir combler. J'ai vécu cela de nombreuses fois et suite à ma dernière rupture, j'ai décidé de ne plus chercher à remplacer cette personne. J'ai pris le temps d'accueillir mes émotions de dépendance affective, de me reconstruire, et d'apprendre à m'autosuffire, à être indépendante. Encore aujourd'hui, un an après cette rupture, je revis régulièrement la douleur de cette séparation, et je prends beaucoup de temps à m'en remettre. Step by step.
Les personnes concernées par le TPB peuvent-elles vraiment aimer leur "favorite person" ou est-ce juste une obsession ?
L’amour dans le trouble de la personnalité borderline est souvent intense et complexe. Oui, il y a de l’amour, mais il peut être mêlé à une forme d’obsession due à la peur de l’abandon.
Cette peur peut rendre les relations très intenses, où l’autre devient indispensable pour se sentir exister. Cependant, cet amour peut aussi être véritable, profond, même s’il est parfois difficile à exprimer de manière stable.
Pour moi, ces relations ont toujours été marquées par une ambivalence entre l’amour et la peur, ce qui les rend à la fois belles et douloureuses. Mais je ne veux plus cela, je ne veux plus vivre en attendant en permanence un message de l'autre, en étant en obsession ; c'est trop douloureux, et mon indépendance ainsi que mes projets sont trop importants.
Je compare souvent la relation amoureuse à de l'alcool (j'ai arrêté de boire cette année 2024), et je souhaite apprendre à apprécier chaque moment amoureux tout en trouvant un juste équilibre. Je veux vivre des relations où l’amour ne m’étouffe pas, où je peux aussi avoir ma vie à côté : temps solo, projets, famille, ami·e·s, sport, etc. C’est un équilibre que je cherche à construire, pour vivre pleinement tout en restant fidèle à moi-même.
Je ressens le trouble de la personnalité borderline comme une addiction amoureuse.
Comment réagir si une personne concernée par le TPB m'ignore ?
Si une personne avec un trouble de la personnalité borderline t’ignore, il est important de ne pas prendre cela personnellement, même si c’est difficile. Cette réaction peut être un mécanisme de défense, une manière pour elle de gérer une douleur ou une insécurité. Laisse-lui de l’espace, mais montre que tu restes disponible si elle souhaite revenir vers toi. Rappelle-lui doucement que tu es là, mais sans insister. La patience et la compréhension peuvent aider à rétablir le lien quand elle sera prête.
Il est important de rappeler que chaque personne est différente, et que ce qui fonctionne pour l’un·e peut ne pas convenir à un·e autre. Chaque individu a ses propres besoins et limites, donc il est important d’adapter ta réponse à la situation et à la personne en question.
Quelle est la réaction d'une personne concernée par le TPB face à une coupure de contact ?
La coupure de contact peut être perçue comme un abandon total, et cela peut déclencher une réaction intense, allant de la colère à la dépression. Pour une personne concernée par le trouble de la personnalité borderline, cela peut raviver des blessures profondes liées à la peur de l’abandon. Si tu envisages de couper le contact, il est important de le faire avec délicatesse, en expliquant les raisons, et en essayant de ne pas laisser l’autre dans l’incompréhension.
Pour moi, ces coupures ont toujours été très difficiles à vivre, car elles renforcent l’idée que je ne suis pas assez bien pour être aimée. Je me sens extrêmement fortement inconsidérée.
Quel type de partenaire convient le mieux à une personne concernée par le TPB ?
Un·e partenaire compréhensif·ve, patient·e, et capable de communiquer de manière ouverte et honnête est essentiel pour une personne concernée par le trouble de la personnalité borderline. La stabilité émotionnelle de l’autre peut offrir un ancrage dans la tempête émotionnelle que représente souvent le TPB.
Cependant, il est aussi important que cette personne puisse poser des limites claires, pour éviter de tomber dans des dynamiques relationnelles toxiques.
Pour moi, un·e partenaire idéal·e est quelqu’un·e qui m’accepte telle que je suis, qui comprend mes difficultés, mais qui sait aussi prendre soin de ses propres besoins. C’est un équilibre délicat, mais essentiel pour construire une relation saine et durable.
En plus de ces qualités, j'ai un besoin particulièrement fort d'intelligence émotionnelle et de communication des émotions. Parler régulièrement de notre relation, exprimer ce que l'on ressent, et être capable de naviguer ensemble à travers les hauts et les bas émotionnels est fondamental pour moi.
C'est cette communication continue qui me permet de me sentir comprise, en sécurité, et véritablement connectée à l'autre.
Conclusion : vivre avec le trouble borderline
Naviguer les relations avec une personne concernée par le trouble de la personnalité borderline n’est pas une tâche simple, mais c’est un chemin qui peut devenir plus clair avec la connaissance et la patience.
J'espère que ce deuxième article t’a offert des outils pour mieux comprendre et réagir dans les moments critiques, en mettant l’accent sur l’importance du soutien, de la communication, et du respect des limites de chacun·e.
Si tu souhaites approfondir ce sujet et découvrir davantage de stratégies pour vivre avec le TPB au quotidien, je t'invite à consulter mon E-Book "Naviguer à travers le trouble borderline" où je partage des réflexions plus détaillées, des exercices pratiques, et des témoignages pour t'accompagner dans ce parcours.
L'amour, l'amitié, et même la simple présence peuvent faire une différence immense, surtout quand elles sont accompagnées de compréhension et de respect mutuel.
Prends soin de toi,
Fio 🌈
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