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Une enfance envahie par la phobie de l'après-mort





Une enfance plutôt tranquille vue du monde extérieur


Une des causes du trouble de la personnalité borderline est souvent liée à de la maltraitance physique ou sexuelle, des négligences ou encore la perte d’un parent dans l’enfance.

J'ai été diagnostiquée comme ayant ce trouble, et pourtant, je ne me sens pas concernée par ces potentielles causes.


Je considère avoir eu une enfance relativement stable.

Il est vrai que mes parents avaient du mal à gérer leurs propres émotions. Naturellement, ils ne m'ont donc pas appris à le faire, bien que je sois hypersensible. Néanmoins, je ne me rappelle pas avoir connu de traumatisme réel.


En revanche, j'ai toujours adoré le contact humain. Je suis de nature dépendante, et j'étais très souvent collée à ma mère à la recherche d'attention dans ma tendre enfance.

À l'approche de mes 6 ans, mes amis sont devenus ma priorité alors que j'étais en quête de contacts sociaux et de reconnaissance.


J'ai souvent eu l'impression de manquer d'amour au sein des miens et je l'ai vécu comme une carence affective. Dans ma famille, mes frères et moi avons appris à être indépendants et débrouillards en tant qu'enfant assez rapidement.

Nous avons également beaucoup voyagé grâce au travail de mon père. Cela m'a appris à devoir quitter ma zone de confort et, malheureusement, mes amis, ce plusieurs fois dans ma vie en habitant en France, en Belgique et au Brésil à différents moments de mon passé.



La terreur dans ma tête


J'ai eu une enfance que je qualifierais de plutôt tranquille de par l'éducation que j'ai reçue.

En revanche, dans ma tête, c'était beaucoup plus intense et compliqué.

Déjà toute petite, à 4 ans, je faisais des cauchemars ignobles chaque nuit où l'un de mes parents mourrait et où je le perdais ainsi à tout jamais. J'ai toujours été extrêmement apeurée par la mort, ou plutôt ce qu'il se passe après qu'on soit décédé. Je voyais cela comme le néant pour l'infini mais où techniquement j'existe encore : je suis prisonnière de mon corps, je ne peux plus ni parler ni même bouger, je suis seule, et ce jusqu'à la nuit des temps.



Cette image me terrifiait. J'étais terriblement dévastée à l'idée de savoir qu'un jour, mon tour viendrait ; de ne pas pouvoir le contrôler et surtout de ne pas savoir ce qu'il se passerait une fois cette étape de vie arrivée.


Le plus étrange dans cette phobie est que je n'ai pas été confrontée à la mort d'un proche pendant que j'étais enfant. D'après ma mère, lorsqu'elle était enceinte de moi, elle a failli faire une fausse couche. Aurais-je ressenti une sensation de mort imminente avant même de naître ?

Alors, parfois, je priais.

Oui, oui, tu as bien lu ! Je ne suis pas croyante, et pourtant, de temps en temps, lorsque j'étais tellement excitée d'accomplir une activité sensationnelle, comme la colonie de vacances de fin d'année de 6ème, je priais. Je priais, au cas où, en demandant à Dieu de me laisser vivre au moins jusqu'à la fin de la colonie par exemple, et en échange, je lui promettais d'être sage…



Moi, seule, jusqu'à la nuit des temps


La peur de l'après-mort est devenue de plus en plus forte, à tel point que j'ai commencé à avoir des attaques de panique nocturnes : je ne pensais plus qu'à cette image de moi, seule, jusqu'à la nuit des temps. Je suffoquais, mon rythme cardiaque augmentait. Cette panique me paralysait tout le corps.

Afin de reprendre le contrôle de mon mental, le seul outil que j'avais trouvé était de me gifler. Ensuite, j'allais me réfugier auprès de mon iPod classique de l'époque en regardant un film. La crise de panique s'estompait en quelques minutes mais je te laisse imaginer à quel point je restais traumatisée.


En fait, je me sentais prise au piège dans cette vie.


L'idée de mourir me terrifie. Mais, si un jour la vie n'a plus ni de goût ni même de sens, je ne peux donc pas me suicider, je suis coincée ici !

me disais-je à l'âge de 12 ans.


J'imaginais chaque personne mourir une à une, à son tour, dans le monde entier. Je visualisais chaque être tomber au sol, l'un en Asie, l'autre au Mexique,... jusqu'au jour où mon tour arriverait. QUAND ?





Et mes proches dans tout ça ?


J'ai parlé de cette peur autour de moi évidemment : à ma mère et ma meilleure amie par exemple. Malheureusement, personne ne semblait préoccupé par la mort comme je pouvais l'être.


Mon entourage était peiné de ma situation et m'a proposé des solutions comme se pencher sur le catholicisme, la réincarnation ou la spiritualité mais rien ne me convenait.

Rien ne me convenait car même si ces solutions étaient possibles, une autre l'était aussi : ce néant pour l'infini. Et tant que cette dernière était possible, j'étais incapable de bien vivre avec et de l'accepter.


Je me sentais si seule, et tellement en décalage avec tous les autres êtres humains. Je ne comprenais pas comment eux pouvaient vivre avec cela si facilement.

Mes proches me disaient régulièrement "Bah voilà, juste ensuite, tu es mort.e et c'est tout. Je ne comprends pas où est le problème ? Arrête d'y penser, et profite de la vie. En plus, t'es jeune, c'est dans longtemps ! " Cela me rendait dingue, je me sentais si incomprise.


J'ai finalement trouvé une solution radicale : vers mes 14 ans, j'ai décidé de ne plus en parler autour de moi, tout intérioriser et y penser le moins possible. Fermer mon esprit à ce sujet et remettre à plus tard cette phobie. Je vivais au fond de moi dans la peur constante de mourir bêtement un jour lambda.


Est-ce que c'était la bonne solution ? Évidemment que non ! Si tu as une phobie, quel qu'elle soit, ne fais pas comme moi. Intérioriser n'amène rien de bon hormis reporter le problème à plus tard. EN PIRE.



Une adolescence chaotique


Plus rien n'allait à la maison. La phobie de la mort intériorisée, j'avais d'autres problèmes en tête.

Entre mes 15 et 18 ans, à l'aube de mon adolescence, je ne supportais plus ma mère. Elle me posait sans cesse des limites.

Avec du recul, je me rends compte que c'est tout à fait normal venant d'un parent. Néanmoins, à l'époque, j'avais la sensation qu'elle faisait tout pour me pourrir la vie. J'étais moi-même invivable. À ce moment là, j'habitais seule avec mes parents au Brésil, mes frères faisant leurs études supérieures en France.


Mes notes étaient bonnes à l'école mais les professeurs parlaient trop lentement selon moi en cours. Alors je préférais bavarder avec mes camarades. Ce qui avait tendance à énerver ma mère lorsqu'elle voyait mon bulletin de classe. Et maintenant que j'y repense, comme je la comprends.


À 18 ans, il était prévu que je quitte le domaine familial, après avoir obtenu mon baccalauréat, pour me débrouiller par moi-même (bon ok pas financièrement) et faire mes études supérieures... mais surtout être liiiibre ! Sans contraintes, sans limites ! Du moins, c'est comme ça que j'idéalisais le projet.


J'ai obtenu mon BAC Scientifique mention très bien en décembre 2012 à 18 ans au Brésil.

J'étais prête à partir en Belgique pour y faire des études de pharmacie en septembre 2013. Je voyais cette étape de ma vie comme idyllique et j'avais l'intime conviction que tout allait être incroyable !


J'aime être optimiste, mais ici, je me suis bien trompée puisque c'est à ce moment là que le trouble de la personnalité borderline s'est manifesté dans mon corps. Je pensais évoluer, grimper en échelon, mais en fait c'était tout l'inverse : la descente aux enfers commença et elle s'empira au fil de 5 longues années.





Tu as envie de connaître la suite ? Je suis en train d'écrire un article qui explique comment le trouble de la personnalité borderline s'est manifesté en moi. J'espère le poster bientôt.


 

Il est important pour moi d'expliquer que 10 ans plus tard, en 2023, à l'âge de 28 ans, je suis relativement stable !

Je ne pense pas avoir encore complètement accepté qu'un jour je vais mourir. Néanmoins, comme tu peux le voir, je suis capable d'en parler, je n'intériorise plus rien. Et je compte continuer de travailler sur cette phobie ! Écrire cet article fut tout de même une épreuve et je suis passée par plusieurs angoisses. Mais je n'ai rien lâché car la vie est un combat que je ne compte pas perdre ☀️


Comment est-ce que je dépasse ma phobie de l'après-mort dans la vie de tous les jours ?

  • En en parlant en thérapie avec ma psychologue ou avec des proches qui respectent et acceptent mes peurs sans me juger ;

  • En profitant de l'instant présent sans savoir de quoi l'avenir est fait y compris l'après-mort ;

  • En acceptant que je ne peux pas tout contrôler et que le néant pour l'infini est une possibilité parmi tant d'autres ;

  • En m'informant sur le sujet en lisant des livres de philosophie ou de spiritualité.


J'espère que cet article t'aura plu ! Si tu te sens concerné.e par cette phobie, sache que tu n'es pas seul.e et et qu'il y a toujours des solutions pour s'apaiser ❤️

D'ici là, prends soin de toi et communique avec tes proches ou un.e professionnel.le de la santé 🌈


2 commentaires

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Invité
22 mai 2023
Noté 5 étoiles sur 5.

Hey bien, chat me permet de mieux te connaître sous un nouvel angle! Bravo pour cet article.

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Fiona Jestin
Fiona Jestin
22 mai 2023
En réponse à

Haha je pense reconnaître la plume derrière ce commentaire ! Merci beaucoup, ça me touche ❤️

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"J'ai vécu une errance médicale de plus de 10 ans avant d'obtenir mon diagnostic de trouble de la personnalité borderline. Cet E-Book est ce que j'aurais aimé avoir pendant tous ces moments où je me suis sentie seule et incomprise. J'espère qu'il aidera d'autres personnes comme moi."

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