Le trouble de la personnalité borderline (TPB) est complexe, mais mieux le comprendre est la première étape pour mieux vivre avec, que ce soit pour soi-même ou pour un·e proche.
Sommaire
Comprendre le trouble borderline
Bienvenue dans ce premier article dédié à la compréhension du trouble de la personnalité borderline (TPB) !
Si tu es ici, c'est probablement parce que tu souhaites en savoir plus sur ce trouble qui affecte profondément les émotions, les pensées et les relations de ceux qui en sont concerné·e·s.
Diagnostiquée du TPB à 28 ans après des années de questionnements, je me suis souvent sentie perdue face à l'intensité de mes émotions et aux réactions de mon entourage. Aujourd'hui, je souhaite partager avec toi ce que j'ai appris au fil du temps, pour t'aider à mieux comprendre les mécanismes de ce trouble, ses signes, ses mythes, et les traitements disponibles.
Il est important de se rappeler que chaque parcours est unique, et que ce qui fonctionne pour l’un·e ne conviendra peut-être pas à un·e autre..
Qu'est-ce que le trouble de la personnalité borderline (TPB) exactement ?
Le trouble de la personnalité borderline, ou TPB, est un trouble mental qui se manifeste par une instabilité émotionnelle marquée, des relations interpersonnelles chaotiques et une image de soi fluctuante. Pour beaucoup, c’est vivre chaque jour avec une intensité émotionnelle démesurée, où les sentiments peuvent passer de l’euphorie à la détresse en un rien de temps. Cela s’accompagne souvent d’une peur profonde de l’abandon, qui peut amener à des comportements impulsifs, voire autodestructeurs.
Personnellement, je me souviens de ces moments où une simple parole ou un regard pouvait me plonger dans une angoisse profonde, sans même comprendre pourquoi.
Vivre avec le TPB, c’est être constamment sur le fil du rasoir, entre l’amour et la haine, la confiance et la méfiance, le calme et la tempête.
Quels sont les signes les plus courants du TPB ?
Les signes du trouble de la personnalité borderline peuvent varier d'une personne à l'autre, mais certains sont récurrents. On retrouve souvent une peur intense de l’abandon, qui peut amener à des réactions disproportionnées, comme des crises de colère ou de tristesse. Il y a aussi cette tendance à voir le monde en noir et blanc : les personnes peuvent être idéalisées puis dévalorisées en un instant. S'ajoutent à cela des comportements impulsifs, des changements d’humeur rapides, un sentiment chronique de vide, et parfois des comportements autodestructeurs comme l’automutilation ou les tentatives de suicide.
Pour ma part, j'ai traversé chacune de ces manifestations du TPB. Parmi elles, la dissociation a été particulièrement présente dans ma vie. Je crois que c'était le moyen qu’a trouvé mon cerveau pour se protéger des autres symptômes, vécus comme trop intenses. Aujourd’hui, même si je sens que ces symptômes sont toujours "en moi", j'ai appris à les gérer au quotidien. Cela nécessite une hygiène de vie presque irréprochable, mais cela me permet de maintenir un certain équilibre.
Quel est le traitement le plus efficace pour le TPB ?
Le traitement du trouble de la personnalité borderline repose principalement sur la psychothérapie. Parmi les approches thérapeutiques, la Thérapie Comportementale Dialectique (TCD) est souvent considérée comme la plus efficace, car elle aide à mieux comprendre et réguler les émotions. En complément, des médicaments peuvent être prescrits pour traiter certains symptômes spécifiques, comme l’anxiété ou la dépression, bien qu'ils ne soient pas une solution miracle.
Il est important de comprendre que le traitement est un processus long, qui demande patience et persévérance.
Avant d'être diagnostiquée du trouble borderline, j'ai enchaîné plusieurs thérapies "par la parole" qui, malheureusement, ne m'ont pas apporté l'aide escomptée. Depuis le diagnostic, je me suis tournée vers des thérapies psychocorporelles comme l'EMDR et la Somatic Experiencing. Ces approches m'aident au quotidien à reprogrammer mon cerveau, à alléger la charge émotionnelle de certains souvenirs douloureux, et à modifier les réponses de mon système nerveux. Pour moi, c’est un chemin sur lequel j’avance chaque jour, avec des hauts et des bas, mais toujours avec l’espoir d’aller mieux.
Quels sont les mythes les plus courants sur le TPB et comment les déconstruire ?
De nombreux mythes entourent le trouble de la personnalité borderline, et il est important de les déconstruire pour mieux comprendre et soutenir les personnes concernées.
L'un des mythes les plus courants est que les personnes concernées par le TPB sont manipulatrices ou cherchent délibérément à blesser les autres. En réalité, les comportements parfois perçus comme manipulateurs sont souvent des tentatives désespérées pour éviter un abandon ou pour gérer une douleur émotionnelle intense.
Un autre mythe est que le TPB est incurable. Bien que le TPB soit un trouble complexe, de nombreuses personnes voient leur situation s'améliorer avec un traitement approprié et un soutien adapté.
Enfin, il est souvent dit que les personnes concernées par le TPB sont "toxiques" ou "impossibles à aimer". C'est une vision réductrice qui ne prend pas en compte la complexité des émotions et des comportements associés au TPB.
Pour moi, déconstruire ces mythes a été essentiel pour mieux me comprendre et pour apprendre à vivre avec le TPB, sans me laisser définir par ces stéréotypes.
Pour moi, déconstruire ces mythes a été essentiel pour mieux me comprendre et pour apprendre à vivre avec le TPB, sans me laisser définir par ces stéréotypes.
Pourquoi les personnes concernées par le TPB ont-elles souvent des difficultés à maintenir une identité stable ?
Le sentiment d’identité chez les personnes concernées par le trouble de la personnalité borderline est souvent fluctuant, car il est profondément lié à leurs émotions et à leurs relations, qui sont elles-mêmes instables. Parfois, l’identité semble se dissoudre, pour être reconstruite autour des attentes ou des jugements des autres. Cette instabilité peut être épuisante, car elle donne l’impression de ne jamais se connaître vraiment, de toujours devoir s’adapter à ce que l’on pense que les autres attendent de nous.
Pour moi, cela a longtemps signifié ne pas savoir qui j’étais réellement, passer d’une passion à l’autre, d’un style à un autre, sans jamais me sentir vraiment ancrée. Finalement, j'ai compris que j'étais en permanence en quête d'apprentissage et d'évolution. J'ai accepté que je n'allais peut-être jamais "me poser" en tout cas, pas de si tôt, et que j'allais toujours changer de job, de passion, de sport, évoluer.
Aujourd'hui, je dis souvent que ce qui me convient au quotidien, c'est de la stabilité dans l'instabilité. Ou de l'instabilité dans la stabilité ? Bonne question !
Le TPB peut-il s'améliorer avec le temps ?
Oui, il est tout à fait possible que le trouble de la personnalité borderline s'améliore avec le temps, surtout lorsqu'il est bien pris en charge. Avec une thérapie appropriée, un travail sur soi et parfois un soutien médicamenteux, de nombreuses personnes concernées par le TPB trouvent qu'elles arrivent à mieux gérer leurs émotions et à stabiliser leurs relations.
Pour moi, le chemin vers le mieux-être a été semé d’embûches, mais je vois clairement une amélioration au fil des années. La prise de conscience de mes schémas, l'apprentissage de nouvelles stratégies pour faire face aux crises, et le soutien des personnes autour de moi ont tous joué un rôle clé dans ce processus. Même si le TPB est toujours présent dans ma vie, je sens que je gagne en stabilité au fur et à mesure que je progresse sur ce chemin.
Tout cela n'aurait pas été possible sans le diagnostic, c'est fou ! J'étais déjà relativement stable, mais je n'avais pas conscience de mes schémas. Ce diagnostic a été une véritable claque, m'obligeant à reconnaître que j'avais encore (beaucoup) de travail à faire, et que je devais arrêter de remettre la responsabilité sur les autres. Aujourd'hui, je sens que les choses vont vraiment de mieux en mieux !
Comment reconnaître les signes précoces du TPB chez un·e adolescent·e ?
Le trouble de la personnalité borderline peut commencer à se manifester dès l'adolescence, et il est important de reconnaître les signes précoces pour offrir un soutien adéquat.
Les signes peuvent inclure :
des sautes d’humeur fréquentes et intenses
une sensibilité extrême aux critiques ou au rejet
des comportements impulsifs
une tendance à voir les choses de manière très dichotomique (tout est soit parfait, soit désastreux)
une sensation de vide
des relations intenses mais instables
des pensées ou des comportements autodestructeurs.
Pour moi, l'adolescence a été une période particulièrement agitéee, où je ne comprenais pas pourquoi mes émotions étaient si fortes et incontrôlables. Avec le recul, je réalise à quel point un soutien précoce aurait pu m'aider à mieux gérer ces moments difficiles et à éviter certaines erreurs. Finalement, tout a explosé lorsque j’avais 18 ans.
Qu'est-ce qui déclenche un épisode de TPB ?
Les déclencheurs d'un épisode de trouble de la personnalité borderline sont souvent liés à une peur intense de l’abandon ou à une insécurité émotionnelle. Cela peut être une dispute, un silence prolongé, une critique, ou même un événement anodin qui réveille une blessure profonde.
Ces déclencheurs sont parfois imprévisibles, et l'intensité de la réaction peut surprendre, y compris la personne concernée.
Il est important de comprendre que ces réactions ne sont pas volontaires, mais plutôt des mécanismes de défense face à une souffrance interne souvent incomprise.
Pour moi, un simple message non répondu pouvait suffire à déclencher une vague d'angoisse incontrôlable, comme si le monde entier m'abandonnait. Cette peur de l’abandon se manifestait aussi dans les interactions quotidiennes : je détestais avoir la sensation d’être ignorée ou inconsidérée. Mes proches ont appris à ne pas me couper la parole et à toujours m’inclure dans les discussions, car sinon, je pouvais très vite sombrer dans une tempête émotionnelle.
Heureusement, aujourd’hui, cela va de mieux en mieux grâce à une meilleure compréhension de ce qui se passe en moi. Cette prise de conscience m’a permis de désamorcer certaines de ces réactions avant qu’elles ne prennent trop d’ampleur.
Comment se sent-on pendant un épisode de TPB ?
Pendant un épisode de trouble de la personnalité borderline, c’est comme si tout devenait flou, que la réalité se distordait sous l’effet des émotions. La peur, la colère, la tristesse peuvent déferler avec une force telle qu’elles prennent le contrôle de la situation.
Pour moi, c’est comme être emportée par une tempête intérieure, où chaque émotion devient une vague prête à tout submerger. On se sent piégé·e dans un tourbillon d'émotions contradictoires, incapable de trouver une sortie. C’est un état de détresse intense, où l’on perd souvent toute notion de rationalité. Dans ces moments-là, il est difficile de se raccrocher à la réalité, et chaque minute semble durer une éternité. On a d’ailleurs l'impression qu'on va rester dans cet état pour toujours.
C'est pourquoi j'ai adopté un mantra qui m'a souvent aidée à traverser ces tempêtes émotionnelles : "Les émotions sont temporaires et inoffensives.". Je me suis répété cette phrase pendant des jours, des semaines, et elle est devenue une ancre ⚓ à laquelle me raccrocher lorsque tout semblait hors de contrôle. Elle m'a aidée à me rappeler que, même si ces émotions paraissent insurmontables sur le moment, elles finiront par passer.
Quelle est la durée typique d'un épisode de TPB ?
La durée d’un épisode de trouble de la personnalité borderline peut être très variable. Parfois, cela ne dure que quelques minutes, juste le temps que l’émotion retombe. D’autres fois, l’épisode peut s’étendre sur plusieurs heures, voire plusieurs jours, surtout si l’événement déclencheur a été particulièrement marquant. La durée dépend aussi de la capacité de la personne à utiliser ses outils de gestion émotionnelle, comme les techniques de relaxation (par exemple, la cohérence cardiaque) ou les stratégies apprises en thérapie.
En ce qui me concerne, là où avant je pouvais rester bloquée dans un épisode pendant des jours, désormais c'est beaucoup plus court. Je sens l'épisode arriver, je reconnais les signes avant-coureurs : les pensées intrusives qui s’insinuent petit à petit, cette montée d’angoisse qui se profile. Si je le peux, j’arrête immédiatement ce que je suis en train de faire. En général, je vais dormir, ce qui me permet de mieux réfléchir ensuite. Parfois, je pars marcher ou courir, ou je mets mes écouteurs sur les oreilles, pour méditer ou faire du breathwork. Clairement, ces pratiques m’aident au quotidien.
Cela demande une écoute constante de mon corps pour comprendre ses besoins et anticiper les crises avant qu'elles ne prennent de l'ampleur.
Conclusion : comprendre le trouble borderline
Découvrir les dessous du trouble de la personnalité borderline est une étape essentielle pour mieux appréhender cette réalité, que tu la vives de l'intérieur ou en tant que soutien. J'espère que cet article t'aura aidé·e à mieux comprendre ce trouble. Le TPB peut sembler envahissant, mais avec de la patience, des connaissances et le bon soutien, il est possible de trouver un équilibre. Dans le prochain article, nous explorerons les aspects plus pratiques et concrets : comment aider un·e proche, comment gérer les moments de crise, et comment vivre au mieux avec le TPB par exemple.
À très vite pour la suite !
Fio
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