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"Désolée que ma santé mentale ne soit pas assez sexy pour toi" - Interview




J'ai eu la chance de pouvoir partager mon témoignage concernant mon diagnostic de trouble de la personnalité borderline sur le site https://www.livesnotlabels.com/ en anglais. Ce site regorge de différents témoignages, je t'invite à y jeter un coup d'oeil !

J'en profite pour te partager mon histoire également en français.


Voici les questions qui m'ont été posées :












Quand as-tu remarqué qu'il y avait un "problème" ?


J’ai remarqué qu’il y avait un ‘problème’ lorsque mon copain, avec qui j’étais en relation à distance Brésil – Belgique, est venu me rejoindre en Belgique, à mes 18 ans. A peine était-il arrivé, alors que j’espérais ce moment plus que tout au monde, je me suis sentie fortement oppressée. Une pensée me parasitait l’esprit : ‘Comment faire si un jour je ne veux plus être avec lui ? Je ne peux pas rompre, il est venu pour moi, je suis coincée ».

En quelques semaines, les premiers symptômes du trouble de la personnalité borderline sont arrivés : crises d’angoisse avec sensation de mort imminente, alternance entre dévalorisation et idéalisation de mon copain, automutilation, dissociation, crises de colère et enfin l’action suprême : le tromper pour mettre un terme à ma souffrance émotionnelle trop intense.

Nous avons rompu peu de jours après…



Quels sont les symptômes que tu ressens issus du Trouble de la Personnalité Borderline (TPB) et y en a-t-il qui sont particulièrement intenses/difficiles à gérer pour toi personnellement ?


De mes 18 à 23 ans, j’ai pu ressentir les 9 symptômes du trouble de la personnalité borderline. Désormais, à 28 ans aujourd’hui, me connaissant beaucoup mieux et ayant à disposition un ensemble d’outils, je ressens beaucoup moins de symptômes et surtout je les perçois comme moins intenses ou plutôt plus gérables. Les plus difficiles à gérer sont les changements d’humeur, la déréalisation & dépersonnalisation (qui persistent depuis 10 ans en permanence) et l’alternance entre l’idéalisation et la dévalorisation de l’autre, surtout de ma personne favorite. Je ressens aussi beaucoup de vide et adore donc être active et stimulée.



Comment le TPB a-t-il affecté tes relations avec les autres (platoniques/romantiques, ou les deux) ? A-t-il eu des répercussions sur le travail ou l'éducation ?


Le TPB a une influence extrêmement forte sur mes relations avec les autres. Ancienne extravertie, cela me prend désormais beaucoup d’énergie d’être avec autrui. Outre le fait que je suis haut potentiel et que rares sont les gens qui soutiennent mon rythme très rapide (dans la façon de parler, bouger, réfléchir,…), je me sens grandement en décalage avec les autres. Etant de nature analytique, je me sens pourtant si facilement rejetée ce qui peut déclencher une crise émotionnelle extrêmement facilement. Je perds alors toute rationalité. La partie la plus compliqué est lorsque je suis en couple : ayant un style d’attachement désorganisé, j’alterne entre vouloir la fusion du couple et me sentir étouffée. Je doute perpétuellement de si j’ai fait le ‘bon choix » d’être avec l’autre, notamment dans les moments où je le dévalorise. Et finalement, j’ai trompé plusieurs de mes copains, à chaque fois pour mettre un terme à cette souffrance émotionnelle.


J’ai arrêté mes études à 23 ans, j’étais sous antidépresseurs, et je n’arrivais plus à suivre. Travailler m’a aidée à trouver une structure, à me sentir utile, à recevoir une certaine reconnaissance et donc à me stabiliser. Grâce à ma curiosité, mon intelligence, ma capacité à rebondir et à toujours vouloir me dépasser, j’ai pu trouver ma place et je suis actuellement dans une société où je me sens valorisée et où on me donne régulièrement des nouveaux projets. Ces derniers me stimulent et permettent de mettre à profit ma créativité et de ne pas m’ennuyer.



Quel a été ton parcours jusqu'au diagnostic ? Le processus a-t-il été simple ou difficile ? Les professionnels auxquels tu as eu affaire t'ont-ils semblé bien informés et compréhensifs à l'égard du TPB ? Un traitement t'a-t-il été proposé et a-t-il été efficace ? Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui t'aide à gérer les symptômes du TPB ?


A 18 ans, j’ai bien compris que quelque chose n’allait pas. J’ai directement consulté et j’ai très vite su mettre des mots sur ce que je ressentais : « angoisse », « anxiété », « déréalisation ». Un psychiatre m’a diagnostiqué un trouble anxieux généralisé et m’a donné des antidépresseurs pendant 1 an et demi. Les antidépresseurs ont été utiles à cette époque dans le sens où je vivais dans la terreur et l’angoisse, et je n’arrivais plus à vivre. Mais je continue de penser qu’ils ont fait office de béquilles et n’ont pas résolu le problème initial. De plus, j’ai vu plusieurs psys au fil des années. J’ai également appris, après une série de tests, que j’étais HP et hypersensible à 23 ans. Chaque étape a été utile mais je sentais que quelque chose clochait. J’avais beau avoir un rythme de vie très sain (sport, nourriture, heures de sommeil, méditation, etc), j’avais la sensation que quelque chose n’allait pas dans ma tête. A l’âge de 28 ans, j’ai consulté une neuropsychologue croyant avoir un TDAH. Cette dernière m’a diagnostiqué à la place un trouble de la personnalité borderline, validé ensuite par un psychiatre. Depuis, je suis suivie par une psychologue spécialisée dans le TPB ainsi que par une autre psy spécialisée dans l’EMDR dans le but de dépasser le trauma que j’ai vécu avec mon ex à 18 ans.

Désormais, je ne prends plus de médicament hormis de temps en temps des plantes médicinales à base de rhodiola par exemple.


De nombreux outils m’aident à gérer mes symptômes TPB. Tout d’abord, il m’est impératif d’avoir une vie structurée et avec de nombreuses routines. Et en même temps, je n’aime pas faire les choses à la même heure, j’ai besoin d’un certain chaos. Je trouve donc mon rythme en allant faire du sport 5 fois par semaine mais jamais à la même heure, et des sports variés (crossfit, vélo, course, natation, escalade,…). Je médite tous les jours, mais une méditation différente. Je fais attention à mon alimentation et ma consommation d’alcool. J’ai besoin de ce rythme de vie sain sinon je ne suis pas capable de dompter mes émotions envahissantes. J’ai également besoin de pleurer régulièrement pour évacuer mes émotions trop intenses. Par ailleurs, il m’est impératif de communiquer régulièrement à mes proches mes pensées parasites. Grace a cela, c’est comme si mon esprit devenait plus clair. De plus, de nombreux outils issus de la thérapie comportementale dialectique m’aident énormément comme revenir à l’instant présent, apprendre à mieux tolérer la détresse et me demander quelle autre interprétation de la réalité est envisageable. Enfin, j’ai créé un compte Instagram, un site et je souhaiterai créer un podcast, le tout dans le but de mettre à profit ma créativité, mon analyse et transmettre tout mon savoir à propos du TPB. Cela m’aide énormément dans mon propre chemin de rétablissement. Cela m’aide de savoir que je peux être une lueur d’espoir pour d’autres encore au fond du gouffre ou ailleurs.



Quels sont les aspects du rétablissement que tu trouves les plus difficiles à gérer ?


Etant désormais beaucoup plus consciente de mon corps, je vois à quel point je suis parfois prise par des tempêtes émotionnelles. Ces tempêtes arrivent lorsque je suis trigger par quelque chose, soit une pensée parasite, soit une phrase dite par un proche, soit un besoin primaire non respecté (faim, fatigue,…) . Tout s’enchaine dans ma tête et peut aller très loin si je n’arrive pas à y mettre un STOP assez rapidement. Ainsi, je fais régulièrement des crises et doit en parler à un proche afin que ce dernier m’écoute, me rassure, me rappelle que je suis forte et m’aide à me rendre compte que ce n’est pas si « grave » que cela en a l’air. Je suis une personne qui aime la débrouillardise et l’indépendance et je me sens comme un fardeau lorsque je n’arrive pas à me débrouiller seule. Je me rappelle que j’ai un trouble et que je n’ai pas à culpabiliser pour cela. Je me rappelle que c’est ok de demander de l’aide à des proches même si c’est régulier. Néanmoins, c’est encore difficile pour moi à accepter.



Quelle a été ton expérience de la stigmatisation du trouble ?


Depuis que j’ai été diagnostiquée du trouble de la personnalité borderline il y a 6 mois, j’ai décidé d’en parler à mon travail, étant de nature très authentique. Ce n’est peut-être qu’une impression mais j’ai la sensation depuis que certains collègues préfèrent limiter le contact avec moi de peur de mes réactions. Je préfèrerais qu’ils viennent directement me parler afin de trouver la meilleure osmose possible.

Hormis cela, comme je disais, je suis très active sur les réseaux sociaux au sujet du TPB. Pour le moment, j’ai de la chance d’avoir une communauté très bienveillante et je n’ai pas encore reçu de critique en pleine face 😊

J’ai encore parfois du mal à parler de mon trouble à des nouvelles personnes, j’ai peur de leur réaction et du rejet. Finalement, je le fais de plus en plus et la réaction des gens semble positive !



De quoi es-tu la plus fière dans ton rétablissement du TPB ?


Je suis fière d’être toujours en vie et de n’avoir jamais tenté de me suicider, bien que je me sois scarifiée quelques fois entre mes 18 et 23 ans. Je suis fière d’avoir écouté mon corps et mon instinct toutes ces années, d’avoir senti que quelque chose n’allait pas pour en arriver à ce diagnostic. Je suis fière d’être restée combattive et de toujours rebondir, ce encore aujourd’hui. Désormais, je sens qu’à chaque fois que j’ai une (grosse) chute, c’est ‘simplement’ une expérience afin d’être encore plus forte par la suite. Et également, je l’espère, pour inspirer d’autres personnes à continuer vers le chemin du rétablissement car ce dernier existe !



Quels conseils donnerais-tu à ceux qui ont une personne souffrant du TPB dans leur vie ?


Je me dis que cela doit être difficile également pour les proches connaissant quelqu’un qui a un TPB. J’invite les proches à toujours être dans la bienveillance, le non jugement, l’écoute active et le soutien émotionnel. Je leur conseille de rappeler à la personne TPB qu’elle peut être fière d’elle, que c’est une warrior. Je les invite également à ne pas prendre personnellement les critiques dans le cas où elles se sentent dévalorisées. La communication est la clé ainsi que beaucoup de patiente. Enfin, je conseille aux proches de poser leurs propres limites également le tout dans la communication non violente et l’authenticité.



La vie est avec un TPB est certes compliquée, chaotique et instable mais elle est aussi remplie de moments de joie à l’extrême sans avoir besoin de prendre de drogue… 😉



Je souhaite à toute personne qui lira cet article plein de good vibes, de soutien et surtout j'envoie tout mon amour et espoir afin que tu puisses avancer le plus sereinement possible vers un chemin de rétablissement.


Fio





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"J'ai vécu une errance médicale de plus de 10 ans avant d'obtenir mon diagnostic de trouble de la personnalité borderline. Cet E-Book est ce que j'aurais aimé avoir pendant tous ces moments où je me suis sentie seule et incomprise. J'espère qu'il aidera d'autres personnes comme moi."

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