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Être une maman borderline

Quand j'ai accouché de mon bébé à 19 ans, je n'avais pas encore été diagnostiquée borderline, mais je l'étais déjà depuis plusieurs années.

Être une maman borderline

Quand j'étais petite, les services sociaux ont essayé de me retirer à ma maman. Ça a été un gros traumatisme pour elle et moi. Quand j'ai confié ma grossesse à ma psy et ma peur qu'on me retire mon bébé à cause de ma dépression, elle a sous-entendu que ça serait certainement le cas. J'ai refusé tout soin psychiatrique suite à cet événement et je ne suis jamais revenue par peur qu'on me retire mon bébé.

Quand je tapais sur Internet des témoignages sur la parentalité et les maladies mentales, c'étaient soit des témoignages d'adultes qui racontaient l'enfer qu'ils avaient vécu avec un parent ayant une maladie mentale, soit des articles pour expliquer à quel point la maladie mentale d'un parent peut rendre l'enfant défaillant. Ça m'a convaincue que mon existence nuirait à mon bébé et qu'il fallait que je l'abandonne avant qu'il ne s'attache trop à moi et souffre de cet abandon.

Alors, pendant 3 ans, j'ai essayé de me suicider. J'y pensais tous les jours, de toutes les manières possibles. Mais ma principale motivation était toujours ces témoignages qui affirmaient que la plus grande malédiction d'un enfant était la maladie mentale de son parent, en l'occurrence, la dépression.

Puis un jour, comme plusieurs fois, j'ai failli y passer. Et une fois de plus, j'ai échoué. Alors j'ai pensé à tout le temps que j'avais donné à essayer de mourir et surtout aux derniers mots que j'avais dit à mon enfant : "Je reviens."

L'idée qu'il souffre à vie de la mort de sa maman qui l'aime et qu'il aime me brisait le cœur.

Ça a été le déclic et depuis toute ma vie a changé. J'ai réuni tout mon courage pour voir une psychiatre et prendre un traitement. J'ai surmonté ma peur qu'on m'arrache mon enfant à cause de mes maladies mentales en étant patiente, en acceptant petit à petit les effets secondaires de mes traitements et le nouveau rythme de vie que ça amenait. Ça a mis beaucoup de temps... Pour trouver les bons médicaments, les bonnes doses... Mais une fois qu'on a trouvé... J'ai appris ce qu'était la vie et compris qu'elle pouvait être agréable et plus seulement une souffrance quotidienne.

Bien sûr, je ne suis pas guérie. Je fais toujours des crises, je peux exploser pour pas grand-chose... Mon trouble borderline me fait encore beaucoup de mal. Mais il ne me gâche plus la vie, m'handicape moins.

À cause de mes peurs, je me suis empêchée d'accepter des soins. J'ai pris le problème à l'envers en pensant que me soigner était admettre une faiblesse qui allait rendre ma parentalité vulnérable et dangereuse. Mais c'est ce qui a, au contraire, permis de m'épanouir et, par conséquent, d'être une "meilleure maman".

J'espère qu'avec le temps, on transformera "un parent borderline est nocif" en "comment vivre son trouble borderline en étant parent".

Rêve

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