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Être ou ne pas être

Qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre ? Toutes sortes de questions que je n’ai cessé de me poser depuis aussi longtemps que je m’en souvienne.  Seule certitude : quelque chose clochait. Une fausse note dans la partition de ma vie. Le monde tournait et moi je le regardais sans le comprendre. Et je me demandais alors : « Pourquoi ? »

Pourquoi mes émotions bondissaient-elles si violemment sans raison ? J’étais heureux, je profitais d’un moment agréable. Et mes pensées me rappelaient soudain un moment similaire. La nostalgie m’envahissait alors, pour se muer insidieusement en une pure tristesse. Et un moment positif devenait un moment triste sans raison. Une fois, deux fois, bientôt chaque instant agréable semblait panaché de doute ou d’inquiétude.

Pourquoi est-ce que j’étais malheureux, moi qui avais apparemment tout ? Pourquoi est-ce que je me détestais autant alors que je n’avais rien commis de répréhensible dans ma vie ? Je ne comprenais rien à mes émotions. La difficulté fut surtout l’incompréhension de l’entourage. « C’est l’adolescence, c’est normal »  me disait-on en haussant les épaules. Mais le temps passait et cela ne disparaissait pas.

Pour moi, chaque journée devenait un défi, une lutte contre mes émotions intenses et mes pensées contradictoires. Parfois, je me sentais totalement vide, comme si rien ne pouvait remplir ce vide en moi. D’autres fois, je me sentais submergé par des vagues d’émotions intenses, comme la colère, la tristesse ou l’anxiété, qui semblent impossibles à contrôler et me prenaient toute mon énergie sans rien me rendre.

Et autrui ? Mes amis ? Mes proches ? C’était encore pire. Je pouvais passer d’une tendresse infinie à une haine viscérale envers quelqu’un en l’espace de quelques instants, même s’il était le meilleur de mes amis. Parfois cette transition se faisait d’un seul coup, apparaissant sans avertissement, et me laissant démuni devant cet afflux de sentiment opposé. Et la culpabilité après coup, qui ronge plus que l’acide…


La peur de l’abandon était omniprésente, nuit et jour, elle collait à mes pas. J’étais constamment en quête de validation et d’approbation de la part des autres. Parfois, je me sentais comme un étranger, un alien dans ma propre peau, déconnecté de la réalité et de moi-même. J’étais là, et je n’étais pas là. Le monde avançait et moi je restais à le regarder parce que je ne le comprenais pas plus que je ne me comprenais moi-même.

Bien sûr, j’ai cherché des réponses ! Mais le monde n’est pas tendre sur sa tolérance. Borderline ? Un mot horrible dans la bouche de certains : des marginaux, des handicapés, des fous ! Voilà les synonymes qu’on accole à ces gens, vous, nous, moi. Alors ça devient facile de croire en ces termes péjoratifs. Je suis un monstre, puisque le monde entier sauf moi qualifie ce genre de comportement comme anormal.

Et puis j’ai rencontré des gens qui m’ont montré autre chose. Parfois juste un visage compréhensif. Un « moi aussi ».  Alors j’ai envie d’aller plus loin. D’aider les autres à être !

Clément

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