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10 ans de combat et une maman à bout

Ma fille a fait sa première tentative de suicide à 11 ans.


Elle a 21 ans aujourd’hui et ce sont près de 10 ans de combat et d'errance pour essayer de trouver ce qui « clochait ». On a commencé à me dire que c’était une crise d’ado précoce, puis la réaction à la séparation avec son père. Enfin, que c’était une délinquante... Lors de ses hospitalisations, toujours la même rengaine: on ne sait pas et c’est trop tôt pour détecter une éventuelle maladie psychique.


Il y a 10 mois, le psychiatre qui l’a suit depuis un peu plus d’un an a diagnostiqué un trouble de la personnalité borderline. Au début, ce fut un soulagement : on mettait enfin un mot sur son comportement et sa souffrance.


Mais ce n’est que le début d’un second combat. Trouver les bonnes ressources, les bons psy, passer son temps à chercher des infos sur Internet, se rapprocher d’associations, se former. Un job à temps plein. Ça tombe bien,  j’ai fait un burn-out il y a 15 mois et je suis toujours en arrêt maladie. Mais j’ai à peine le temps de prendre soin de ma santé. Ma fille n’est pas stabilisée comme on le dit dans le jargon psychiatrique. Elle alterne des périodes à peu près stables quand elle est sous traitement et périodes de crises quand elle arrête son traitement parce qu’elle n’accepte pas la maladie. Ou parce que le traitement l’a fait grossir.


Pour être plus concrète et parler des symptômes que nous avons pu observer : émotions exacerbées qui mènent notamment à des actes de violence, tentatives de suicide, une tendance à se faire toujours mal quelque part, relations sociales dégradées, grande instabilité qui l’empêche de garder un emploi, impulsivité, achats compulsifs, beaucoup de mensonges pour cacher certains de ses comportements.


Aujourd’hui j’oscille entre espoir et découragement. Je me sens seule dans ce combat. Les gens ne comprennent pas, les troubles psychiques sont mal vus et pas toujours considérés comme une maladie. Son père est aux abonnés absents depuis longtemps, Une souffrance de plus pour ma fille.
Mais je ne baisse pas les bras et j’espère pouvoir continuer à l’accompagner vers un mieux-être. J’essaie de me contenter de petites victoires, c’est impératif pour ne pas sombrer. Un pas après l’autre.

 

Le mois dernier, elle s’est sentie en crise et elle est allée d’elle-même au urgences psychiatriques aux lieu de tenter une nouvelle fois de mettre fin à ses jours. Je l’ai félicitée. Quand on vit aux côtés d’un proche atteint d’un.e trouble psychique, il faut de la patience, de la persévérance et du courage.

Isabelle

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